Site non disponible sur ce navigateur

Afin de bénéficier d'une expérience optimale nous vous invitons à consulter le site sur Chrome, Edge, Safari ou Mozilla Firefox.

Retour à la liste des contenus

Points de vue

Temps de lecture : 3 min

10/03/2025

Sentiments mitigés au retour du salon

Le salon de l’agriculture 2025 s’est déroulé dans une ambiance beaucoup plus apaisée que l’an passé. Les hasards de l’actualité lui ont offert une fenêtre très particulière de calme apparent. Les annonces tonitruantes du président américain chamboulant l’ordre géopolitique issue de la Seconde Guerre mondiale ne sont arrivées qu’à la fin du salon. Celui-ci a, par ailleurs, démarré après une séquence politique agricole compliquée, marquée par les élections aux chambres d’agriculture et un résultat modifiant les équilibres syndicaux et conclue, la semaine précédant le salon, par la signature de la loi d’orientation agricole (LOA). Le Parlement, après une marche forcée, a réussi à voter cette loi dite d’orientation qui était une promesse faite aux agriculteurs après les manifestations de colère du début 2024.

Tout cela a permis à Madame la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, visiblement très réjouie du travail accompli, de circuler pendant une semaine au milieu du monde agricole en arborant un large sourire. Le commissaire européen à l’Agriculture et à l’Alimentation, Christophe Hansen, a pu passer deux jours complets au salon, une première, pour faire calmement, auprès de toutes les parties prenantes de l’agriculture française, la promotion de la vision européenne de l’agriculture publiée le 19 février 2025.

J’ai personnellement trois ressentis après de très nombreux échanges au cours de cette intense semaine passée porte de Versailles.

Un sentiment de profondes interrogations sur les évolutions à venir à court terme tant les incertitudes sur la politique agricole aussi bien nationale qu’européenne sont grandes.

Un sentiment de grande déception en voyant la perspective agroécologique progressivement gommée du droit et de la parole publique française. Cela crée une zone de brouillard autour du futur désirable commun. C’est de mon point de vue une grave erreur stratégique en période de grandes incertitudes.

Un véritable sentiment de joie en entendant les responsables agricoles français approuver publiquement les orientations agricoles européennes, lors d’une table ronde à laquelle j’ai eu l’honneur de participer avec le commissaire à l’agriculture Christophe Hansen. C’est une première depuis de nombreuses années.

Il est vrai que le retour de la dimension productive, de l’innovation dans les ambitions européennes résonne à première écoute, agréablement aux oreilles agricoles. Je ne pense pas pour autant qu’il faille l’interpréter comme un changement de cap ou d’orientation du pacte vert. L’objectif fondamental de neutralité carbone en 2050 reste inscrit au fronton des ambitions européennes.

J’y vois davantage le retour d’un grand pragmatisme : l’agriculture doit marcher sur deux jambes qui ne sont pas antinomiques et soutiennent le revenu des agriculteurs : produire plus pour nourrir les humains et produire de manière plus naturelle pour la santé de l’Homme et de la planète…  Cela s’appelle en gros l’agroécologie !