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10/03/2025

Terres agricoles abandonnées : un travail prospectif du CGAAER fait la lumière sur cet angle mort des politiques foncières

Dans un rapport déposé en novembre 2024, rendu public le 25 janvier 2025, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et de l’espace rural (CGAAER) propose une étude prospective relative aux terres agricoles délaissées à l’horizon 2050, ayant pour titre “Plus de 20 000 ha de terres agricoles abandonnés chaque année, un angle mort des politiques foncières[1].

C’est en effet à ce niveau d’hectares qu’apparaît le flux net de terres abandonnées chaque année par l’agriculture. Or cette problématique est insuffisamment traitée par les politiques foncières agricoles et forestières, rendant tout à fait pertinent ce travail de prospective portant sur le devenir de ces espaces.

L’originalité de ces réflexions tient au fait que le CGAAER s’est appuyé sur un comité de pilotage composé d’experts d’horizons variés, au sein duquel Agridées était représenté en la personne de son délégué général, Jean-Baptiste MILLARD. Le groupe de travail a bâti quatre scénarios à l’horizon 2050 :

  • La “bataille de l’eau”, avec un usage des terres agricoles directement impacté par de fortes tensions sur la ressource en eau et les conflits d’usage ;
  • Les “mosaïques territoriales” intégrant une grande diversité d’usages et de productions agricoles et/ou forestières à l’échelle des territoires ;
  • “Vive la renaturation !”, donnant priorité à la renaturation (restauration de la biodiversité et réduction des émissions de gaz à effet de serre) ;
  • Le “pacte productif”, valorisant toutes les terres dans l’objectif d’assurer la souveraineté alimentaire et énergétique du pays.

Ces quatre scénarios apportent un éclairage sur le phénomène de délaissement des terres agricoles et proposent différentes options d’aménagement pour les années à venir.

Comme le souligne le rapport à titre liminaire, “la prospective n’est pas un exercice de prédiction, mais un outil permettant d’aborder des questions sensibles et complexes sans tabou, de manière sereine (voire ludique). Par définition, la participation des experts est intuitu personae, et la production collective (chacun s’affranchit de la posture de l’organisme auquel il appartient). Tous s’autorisent (s’obligent, c’est la règle) à penser “après-demain” différemment (mais de manière cohérente). Ce qui n’est jamais qu’une façon de porter un regard renouvelé sur “aujourd’hui” et “demain”. En ce sens, ce travail s’honore d’apporter une modeste contribution aux expériences innovantes d’ingénierie de projet complexe pluridisciplinaire et de gestion des controverses auxquelles il appelle“.

Le rapport formule par ailleurs deux recommandations. La première invite le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (MASA) à mettre en place et développer des outils d’analyse de l’usage des terres agricoles en vue des arbitrages fonciers, du niveau communal au niveau national, avec une attention particulière portée à l’abandon des terres agricoles. La seconde vise une meilleure intégration d’un tel abandon dans la gestion du foncier, car le phénomène risque de s’amplifier au cours des prochaines années. L’objectif est de mieux concilier les enjeux du changement climatique, de la protection de la biodiversité, de l’économie de l’usage des sols et de la souveraineté alimentaire.

 


[1] Rapport de mission de conseil n° 21131p, établi par Jean-Maurice DURAND, ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts , Hervé LEJEUNE, inspecteur général de l’agriculture, Geneviève REY, ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts, avec l’appui de Michel HERMELINE, ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts, novembre 2023.