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Temps de lecture : 3 min

21/10/2024

4°C, dystopie ou scénario plausible ?

Le 3 octobre dernier, dans la salle de conférence du 8 rue d’Athènes, le “Groupement d’intérêt scientifique (GIS) Relance agronomique” a consacré une journée au thème des enjeux climatiques pour les filières agricoles, sous le titre provocateur “+ 4° C, une dystopie ? Le regard du GIS Relance Agronomique sur la place de l’agriculture“.

Cette séance est venue clôturer les travaux du groupement consacrés en 2023 à explorer dans quatre groupes de travail l’hypothèse d’un réchauffement atteignant les 4°C.

Le programme de préparation de la rencontre s’est attaché à traiter successivement quatre thèmes : les transformations prévisibles de notre environnement de vie, les conséquences sur les relations internationales, les conséquences sur nos modes d’alimentation et d’habitat et les actions possibles grâce aux politiques publiques[1].

En partant du constat que le réchauffement s’accélère avec des effets plus importants qu’anticipés, notamment pour ce qui concerne la qualité des sols, de l’eau, de l’air et de la santé humaine, les travaux du GIS ont mis en évidence qu’une minorité d’agriculteurs sont engagés dans des stratégies de résilience d’atténuation, tandis que la majorité pâtit du manque d’accompagnement par les politiques publiques et de la fragilité économique des entreprises.

Pour remédier à cette situation et éviter les conséquences désastreuses d’un scénario de + 4°C, le GIS conclut que le temps du déni est révolu et prône de penser les dimensions territoriales et temporelles de l’action en raisonnant au-delà du seul secteur agricole et en mobilisant l’intelligence collective.

L’accent a été mis sur la nécessité de penser la géopolitique agricole qui se situe au cœur des enjeux des pouvoirs internationaux, compte tenu de la liaison forte entre agriculture et alimentation et des enjeux de production d’énergie.

La nécessité de réinventer les paysages alimentaires a permis de passer en revue le rôle insuffisant du comportement des consommateurs et celui de la distribution pour conclure au rôle structurel de l’offre agricole et à la nécessité d’aboutir à un nouveau contrat social intégrant les nouveaux modes de vie.

En réaction à la dystopie du + 4 °C, le GIS liste des actions qui permettent de refuser ce scénario et d’opérer la rupture : rénover le droit et en particulier faire évoluer la définition de l’agriculteur pour prendre en compte la protection des communs, faire respecter les accords internationaux, prendre en compte dans la formation les enjeux du changement climatique[2] et la nécessité d’une vision à long terme partagée.

Les présentations et les tables rondes qui se sont succédées le 3 octobre ont illustré l’ensemble de ces thèmes et ont donné lieu à des échanges avec un public nombreux.

Comme il n’est pas de meilleur moyen pour éviter le pire que d’en décrire tous les effets négatifs, au risque parfois de négliger des opportunités nouvelles résultant du dérèglement climatique, le GIS Relance Agronomique a eu le mérite, en traitant la dystopie du + 4°C, d’inviter toutes les parties prenantes à se mobiliser, dans une posture positive, pour réaliser ce que Jean-Paul Bordes de l’ACTA a qualifié dans sa conclusion de “transition joyeuse”.

 


[1] Sur ce dernier volet, Agridées, par la voie d’Yves Le Morvan, a pu être auditionnée sur le thème des compétences dans le cadre d’une rencontre organisée le 28 novembre 2023, intitulée : « Refuser le +4°C et organiser la rupture », aux côtés de Bertrand Valiorgue (Em Lyon ), Claire Lajaunie (Inserm), Fabien Perrot (agriculteur).

[2] Note Agridées, “Dynamique agricole : quelles compétences ?“, Yves Le Morvan et Bernard Valluis, octobre 2022.