A lire : “ETATS-UNIS/CHINE : le match”

La concurrence et parfois la confrontation entre ces deux grands pays structurent les relations internationales en deux pôles qui, s’ils ne sont pas uniformes, intègrent les aspects les plus divers d’une compétition acharnée sur tous les plans : la quête des ressources, l’économie et la finance, la puissance militaire, la course à l’innovation, la relation à l’environnement, la stratégie d’influence et, bien entendu, le système politique. Un vrai “choc des civilisations” pour reprendre les termes de Samuel Huntington. L’auteur reprend avec méthode tous ces points et, chiffres à l’appui, livre son analyse comparative.

Sur le plan agricole et alimentaire, il semblerait à première vue qu’il n’y ait pas de match entre une économie agricole américaine puissante, innovante, souvent exportatrice et une agriculture chinoise dans l’ensemble moins bien dotée par la nature et dont l’objectif historique consiste à satisfaire les besoins d’une population d’1,4 milliard d’habitants, avec une volonté de non-dépendance affirmée. Malgré les contraintes et les différences structurelles, la trajectoire agricole de la Chine lors de ces dernières décennies s’est cependant avérée efficace là où il était possible de l’impulser, le pays est ainsi devenu le premier producteur mondial de céréales et de légumes. Et là où la Chine importe, tel le secteur des oléagineux, son poids lui donne un effet de levier conséquent.  Au total l’avantage agricole américain parait net, mais il faut noter que Chine et Etats-Unis ont une balance commerciale agroalimentaire déficitaire. Surtout, il existe également des parallèles entre les deux puissances. Toutes deux ont placé la souveraineté alimentaire au cœur de leur stratégie nationale et internationale, y mettant les moyens et les budgets ad hoc. Et toutes deux sont déjà confrontées aux conséquences du dérèglement climatique, à l’érosion des sols, au stress hydrique et mobilisent recherche et innovation afin d’y répondre.

Pierre LE ROY prend le temps de comparer les deux pays concurrents dans tous les périmètres possibles, économiques, environnementaux, sociétaux, culturels, historiques. On découvre ainsi que le slogan “America first” date de plus d’un siècle, au gré du mouvement de balancier des Etats-Unis entre isolationnisme et interventionnisme au long de leur histoire.  Quand la Chine a quant à elle décidé de renouer avec le fil de sa riche civilisation et de lui redonner la place qu’elle a longtemps tenue. L’affrontement est là, tout le monde souhaite qu’il demeure pacifique.

En conclusion pour l’auteur, par-delà la description des forces et des faiblesses des deux géants, ou la complexité des situations, c’est l’expression diversifiée de la liberté qui fait gagner le match. A chaque lecteur de cheminer dans cet ouvrage, de débattre des points de vue et de se fixer son propre horizon. En lisant Pierre LE ROY.