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Temps de lecture : 3 min

04/10/2024

Les lacunes agricoles du rapport Draghi

Le 17 septembre dernier, l’ancien Président de la Banque centrale européenne, et brièvement chef du gouvernement italien, Mario Draghi, a présenté un rapport sur la compétitivité européenne qui lui avait été commandé par la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Prenant acte de la détérioration de la compétitivité européenne vis-à-vis des États-Unis d’Amérique et de la Chine, le rapport propose trois grands axes pour relancer la croissance : innover et combler le retard technologique, mettre en œuvre un plan commun pour la décarbonation et la compétitivité et, enfin, renforcer la sécurité européenne et réduire les dépendances. Le rapport complet présente pas moins de 170 propositions et évalue entre 750 et 800 milliards d’euros, à partager entre secteur public et secteur privé, le besoin de financement pour restaurer un niveau de compétitivité qui permette à l’UE de faire jeu égal avec la Chine et les États-Unis. L’ancien Président de la BCE recommande de renforcer la gouvernance de l’Union en étendant notamment les domaines pour lesquels le vote à la majorité qualifiée puisse s’appliquer aux décisions du Conseil avec, également, un appel à la simplification des règles.

Le rapport a été accueilli très favorablement par la majorité des élus européens et des parties prenantes, tant il apparait difficile de remettre en cause le diagnostic de perte de compétitivité européenne ou de dépendance croissante vis-à-vis de ses grands concurrents fournisseurs, dans un contexte géopolitique qui requiert de se préoccuper des sujets d’autonomie stratégique et de défense. Ainsi les propositions du rapport découlent-elles d’un constat sans ombres.

Mais, paradoxalement, le rapport restreint le champ de l’économie européenne à celui de l’industrie, de sorte que l’agriculture est pratiquement absente des réflexions et propositions. Faut-il considérer que la rédaction en anglais joue sur l’ambiguïté du terme « industry » qui peut s’appliquer à tout secteur d’activité économique de production et de transformation ? A y regarder de plus près, l’agriculture et l’agroalimentaire auxquels pourraient s’appliquer certaines réflexions et propositions sont bien absents des développements argumentés, relatifs par exemple à la décarbonation et aux dépendances commerciales. Néanmoins les organisations professionnelles agricoles européennes qui se sont associées aux réactions favorables au rapport Draghi ont, malgré tout, voulu entendre que la problématique de restauration de la compétitivité s’appliquait également à l’agriculture et à l’agroalimentaire.

Aussi à  la suite du Dialogue Stratégique qui porte l’ambition de donner un nouveau cap pour la Pac, et pour suppléer aux lacunes du rapport Draghi, la nouvelle Commission devra conduire une analyse spécifique et détaillée de la compétitivité agricole et alimentaire et des moyens nécessaires pour en améliorer les performances.