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13/02/2025
Maroc : les producteurs exportateurs de tomates font face au manque d’eau
Une équipe d’Agridées s’est rendue au Maroc les 20 et 21 janvier derniers à l’invitation d’AgriEdge, Business Unit de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P).
Près d’Agadir, nous avons visité le Centre de transfert de technologie dédié aux productions maraîchères. Ce centre a été créé en 2005 par l’Association des producteurs et des producteurs exportateurs de fruits et légumes (APEFEL), en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et le ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime (MAPM) du Maroc.
Le centre conduit des programmes de recherche appliquée répondant aux problématiques des producteurs locaux : gestion de l’eau avant tout (la ressource se fait rare et le Maroc vient de subir la 7e année de sécheresse consécutive), conduite de la fertilisation et également gestion des maladies (en particulier dues au virus Tomato Brown Rugose Fruits Virus – ToBRFV, signalé depuis 2022 au Maroc après avoir été identifié en Europe depuis 2018).
Dans la même région, nous avons pu visiter la société Agri Massa, qui distribue des intrants : semences de la société néerlandaise Rijk Zwaan, fertilisants de la société Sustainable Agro Solutions (SAS), Plantaflor pour la tourbe ainsi que Bayer et Syngenta pour les produits de santé des plantes. Agri Massa conduit également des projets de recherche expérimentale, ce qui fait sa spécificité. Les projets se concentrent sur les urgences du moment : production maraîchère en conditions de sécheresse et sous pression du virus ToBRFV.
Cette région concentre la majorité des productions maraîchères au Maroc (tomates, mais aussi poivrons, courgettes, haricots). Elles sont réalisées sous serres dites « canariennes » (des îles Canaries) qui assurent une luminosité et une température homogène. Dans celles que nous avons visitées, les plants de tomates poussaient verticalement et hors sol, bénéficiant de « fertirrigation » (irrigation véhiculant des éléments fertilisants) goutte à goutte. L’eau devenant structurellement rare, les barrages ne suffisent plus à fournir l’eau nécessaire à l’irrigation et les producteurs doivent pomper l’eau de la nappe phréatique à plus de 100 mètres de profondeur. Des systèmes d’irrigation intelligente, informatisée, sont pilotés à l’aide de capteurs de température et d’humidité pour gérer la consommation d’eau au plus juste. Cette irrigation raisonnée devrait permettre de tourner la page des consommations excessives du passé et réduire les prélèvements dans la nappes.
Une autre solution est mise en place au Maroc pour faire face au manque d’eau, tant pour l’approvisionnement des populations en eau potable que pour l’irrigation des cultures : le dessalement de l’eau de mer. Plusieurs usines sont déjà fonctionnelles[1].
Notons que les producteurs marocains de tomates sont très attentifs aux exigences européennes en matière d’importation. En effet, le Maroc est le premier fournisseur de tomates fraîches de l’Union européenne, qui est premier marché d’exportation du Maroc pour ce produit. Les deux partenaires commerciaux sont donc intimement liés, ces flux commerciaux étant favorisés par l’accord UE/Maroc de 2012 entre le 1er octobre et le 31 mai chaque année[2]. La production de tomates marocaines est principalement composée de deux types de produits : les tomates rondes pour le marché marocain et les tomates cerises pour le marché européen, plus rémunérateur.
[1] Soufiane GUELLAF, Yassine CHRAIBI (16 mai 2024) Dessalement : Cartographie des projets. Maroc Diplomatique
[2] CGAAER (janvier 2025) Importations et exportations de tomates par la France – Proportion de tomates importées depuis le Maroc et réexportées de France. Rapport n°24107-P